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Montréal, le 05 novembre 2024 — Le Programme antiracisme de la Fondation CJPMO (PARFC) critique vivement la publication par Patrimoine canadien du Guide AIMH, paru le 31 octobre 2024, prétendant offrir des orientations aux institutions canadiennes sur l’utilisation « pratique » de la définition de travail de l’antisémitisme par L’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH). Malheureusement, selon de nombreux critiques, la définition AIMH elle-même confond les critiques légitimes des politiques israéliennes avec l’antisémitisme, potentiellement en réprimant la liberté d'expression et en protégeant Israël contre les responsabilités. De plus, ce nouveau manuel et ses directives vont encore limiter le discours canadien sur Israël, notamment en ce qui concerne les droits des Palestiniens.
Le guide prétend fournir des conseils pratiques pour les institutions dans plusieurs secteurs, y compris l'éducation, l'application de la loi, le gouvernement, les lieux de travail et la société civile. Cependant, il est particulièrement problématique car, bien qu’il prétende ne pas interdire les critiques d'Israël, il contient de nombreux exemples qui excluent catégoriquement toute critique substantielle d’Israël. Parmi les exemples problématiques, on note :
- L'amalgame entre l'identité juive et l'idéologie israélienne/sioniste, visant apparemment à protéger Israël et son armée contre les critiques concernant les violations des droits humains des Palestiniens. Le manuel affirme que «Aujourd’hui, d’anciens tropes antisémites sont recyclés pour cibler Israël, les Israéliens et les sionistes. Dans de nombreux cas, il suffit d’appliquer les mêmes formes d’antisémitisme … en remplaçant simplement le terme «Juifs» par «Israël», «Israéliens» ou «sionistes».
- La catégorisation du mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) comme antisémite, en assimilant à tort les efforts de boycottage d'Israël à de l'antisémitisme.
- Des associations trompeuses avec l'antisémitisme : le manuel fait des liens déraisonnables entre les récentes manifestations et critiques des politiques d’Israël avec les problèmes historiques d'antisémitisme au Canada, par exemple, il assimile des critiques légitimes, telles que qualifier Israël de «assassins d’enfants» (une référence aux victimes enfantines palestiniennes) à des déclarations véritablement antisémites comme « les Juifs auraient tué Jésus».
- La promotion de revendications religieuses dans un contexte laïc : Le manuel ignore les études internationales contemporaines sur l'indigénéité, et présente plutôt des arguments basés sur la religion pour l'indigénéité juive sur la terre.
- Le déni de l'existence et de l'indigénéité palestiniennes : le manuel rejette l'existence historique et continue de la Palestine et nie l'indigénéité du peuple palestinien, tout en revendiquant une indigénéité juive exclusive en Palestine-Israël. Bien que le manuel déclare que « Il est également important de comprendre que la reconnaissance de l’autochtonie juive et du droit du peuple juif à l’autodétermination en terre israélienne n’infirme pas le droit à l’autodétermination des Palestiniens ou d’autres communautés sur cette terre. » ce cadre priorise effectivement les revendications israéliennes et contourne les droits palestiniens et l'appel à l'autodétermination dans une Palestine libre.
«La défense unilatérale par le manuel d'une définition erronée détourne l'attention de la lutte contre le véritable antisémitisme au Canada et encourage la suppression du discours essentiel sur les violations des droits humains par Israël», a déclaré Jamila Ewais, chercheuse principale au PARCF. Ewais a souligné que, en ne distinguant pas entre les critiques légitimes d'un État et l'antisémitisme, le manuel légitime la discrimination continue au Canada contre les Palestiniens et leurs alliés, niant leur indigénéité et leur existence.
Malgré les courriels de plus de 11 000 Canadiens au Premier ministre demandant que ce manuel soit retiré, Patrimoine canadien a procédé à sa publication. Plus de 100 organisations de la société civile, y compris Human Rights Watch, Amnesty International, et des groupes de droits humains palestiniens et israéliens, ont également exprimé leurs préoccupations, mettant en garde l'ONU contre l'adoption de la définition AIMH. Au Canada, des groupes notables opposés à l' AIMH incluent les Voix juives indépendantes du Canada, l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, le Congrès du travail du Canada, l'Association canadienne des professeurs d'université, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, la Confédération des syndicats nationaux, et plus de 40 associations facultaires et syndicats académiques.
Le PARFC exhorte Patrimoine canadien à retirer son Guide AIMH. Le mandat de Patrimoine canadien stipule qu’elle vise à promouvoir la diversité à l'échelle mondiale. Elle cherche également à partager l'expérience unique du Canada en tant que nation multiculturelle, bilingue et traitée, engagée envers les droits de la personne. Patrimoine canadien devrait soutenir ces objectifs en appuyant des politiques qui distinguent clairement entre l'antisémitisme et le discours légitime sur les droits de la personne.
À propos du PARFC – Le mandat du Programme antiraciste de la Fondation CJPMO (PARFC) est de sensibiliser le public au racisme au Canada. Ce mandat s'inscrit dans l'objectif plus large de la Fondation qui est de surveiller et de combattre les manifestations de racisme, de xénophobie et de discrimination en sensibilisant le public à ces préjugés.
Pour plus d'informations, veuillez contacter Jamila Ewais, 514-389-8668
PARCF, [email protected] www.cjpmefoundation.org
Ce communiqué de presse peut être reproduit en tout ou en partie sans autorisation.
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