Racisme anti-palestinien au Canada - Rapport 2023

2024 report aprCe rapport, coécrit avec CJPMO, révèle une explosion du racisme anti-palestinien (RAP) en 2023 par rapport à l'année précédente. Lisez le résumé exécutif ci-dessous ou téléchargez le rapport complet.

Publié en décembre 2024

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Résumé exécutif

Le racisme anti-palestinien (RAP) est un problème répandu dans la société canadienne, qui reste presque entièrement méconnu et non traité. Une étude non exhaustive du RAP au Canada en 2023, réalisée par le Programme antiraciste de la Fondation CJPMO (PARFC), a identifié 988 exemples de cette forme de racisme dans des contenus écrits en ligne.

L’étude a identifié des exemples de RAP sur la base de la description publiée en mai 2022 par l'Association des juristes canadiens arabes (AJCA) dans un rapport intitulé « Racisme anti-palestinien : Nommer, encadrer et manifestations ». Ces exemples proviennent exclusivement de contenus écrits en ligne en 2023, issus de sources institutionnelles canadiennes connues pour être des vecteurs fréquents de RAP. L’étude a volontairement exclu les exemples provenant des réseaux sociaux, des organisations religieuses, ainsi que des contenus audiovisuels ou radiodiffusés. De ce fait, son champ d’application est limité, et le problème du RAP est presque certainement plus grave que ne l’indiquent ces résultats.

Ce rapport démontre une explosion de RAP depuis le 7 octobre 2023. Comparé aux niveaux de RAP observés parmi les organismes sans but lucratif (OSBLs) et médias de droite au début de 2023, le RAP a proportionnellement été multiplié par huit au cours du dernier trimestre de l’année. Cette croissance est particulièrement marquée dans les médias, où les niveaux de RAP ont été multipliés par 33. L’étude attribue cette hausse à l’intensification de la couverture médiatique sur la Palestine et Israël après le 7 octobre 2023, ainsi qu’aux attitudes anti-palestiniennes répandues et insidieuses parmi de nombreux commentateurs dans les OSBLs et médias de droite. En raison de cette explosion de RAP dans la période post-7 octobre, le taux global de RAP parmi les sources examinées a presque doublé entre 2022 et 2023.

Sur les 988 exemples de RAP identifiés, 760 (77 %) comprenaient des calomnies diffamatoires présentant les Palestiniens comme étant soit 1) antisémites, 2) sympathisants terroristes, ou 3) antidémocratiques. Parmi ces trois catégories, la calomnie des Palestiniens en tant que sympathisants terroristes était la plus fréquente, représentant 585 exemples (59 % des incidents), suivie par l’accusation d’antisémitisme (457 exemples, 46 %) et l’accusation d’être antidémocratiques (151 exemples, 15 %).

L’année 2023 a vu une augmentation importante des formes de RAP décrivant les Palestiniens comme des menaces imminentes, par opposition à des menaces historiques. Cela a été alimenté par les OSBLs et médias de droite qui, après le 7 octobre 2023, ont constamment présenté les Palestiniens et leurs alliés comme des menaces pour la sécurité et la démocratie, ou comme indignes de droits de la personne et autres protections. Ainsi, les catégories de RAP ayant le plus progressé entre 2022 et 2023 sont : « Déshumanisation des Palestiniens » (plus que triplée), « Justification de la violence contre les Palestiniens » et « Effacement des droits de la personne et de la dignité égale des Palestiniens » (ces deux dernières ayant été multipliées par cinq).

Dans les incidents où les Palestiniens ont été calomniés comme étant antisémites, il était le plus souvent justifié cela par 1) leur plaidoyer pour les droits palestiniens (par ex., soutien au boycott d’Israël), 2) leurs critiques d’Israël, ou 3) leur association d’Israël avec le colonialisme. Ces résultats suggèrent que la confusion politisée entre antisémitisme et critique d’Israël est un moteur du RAP au Canada. Les définitions de l’antisémitisme favorisant cette confusion problématique, comme la définition de travail de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH), ont été identifiées comme des facteurs contribuant au RAP.

 

Ce rapport émet plusieurs recommandations importantes, notamment:

  • Les gouvernements, institutions éducatives, entreprises et autres institutions doivent adopter des mesures pour intégrer le RAP dans leurs cadres d’équité, diversité et inclusion (EDI) et dans leurs codes des droits de la personne.
  • Les gouvernements, entreprises et autres institutions doivent éviter d’adopter (et revenir sur l’adoption de) toute définition de l’antisémitisme qui promeut le RAP, notamment la définition controversée de l’AIMH.
  • Les gouvernements doivent intégrer le RAP dans leurs programmes publics de sensibilisation à la lutte contre le racisme, visant non seulement le grand public, mais aussi les forces de l’ordre et d’autres professions de service public en contact avec le public. Ils doivent également renforcer la collecte institutionnelle de données et les rapports sur le RAP.
  • Le gouvernement fédéral doit réviser la Loi sur l’équité en matière d’emploi pour aborder le RAP et garantir une représentation et un traitement équitables des Palestiniens et de leurs partisans sur le lieu de travail.
  • Le gouvernement fédéral doit également reconnaître officiellement la Nakba comme une injustice historique centrale à l’identité palestinienne.
  • Le gouvernement fédéral devrait reconnaître l’occupation violente de Gaza par Israël comme un génocide.
  • Les organisations médiatiques doivent respecter plus strictement les normes établies d’éthique journalistique, et les organismes de responsabilisation des médias devraient sévir contre le RAP virulent dans les médias de droite.
  • Le mouvement de solidarité avec les Palestiniens devrait exploiter des stratégies anti-racistes pour faire avancer son message et sa cause plus efficacement.

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